Du déni à l’acceptation de son adoption
Dans l’article précédent, je parlais, entre autres, du déni de mon adoption.
Plusieurs questions à ce sujet viennent immédiatement en tête :
- Comment est-il possible d’être dans le déni ?
- Concrètement, ça se traduit comment ?
- Qu’est-ce que cela implique ?
Il est vrai que cela peut paraitre surprenant d’être dans le déni, particulièrement quand on ne ressemble pas à ses parents et que le presque-quotidien rappelle notre différence.
Si je peux en parler à présent, je vous assure que je n’avais pas conscience de cela.
J’étais persuadée que mon adoption s’était passée à un moment T de ma vie et qu’elle n’avait plus aucun impact dans ma vie actuelle. Ce fait avait eu lieu point barre.
Cependant, le jour où je suis sortie du déni, je me suis rendu compte de certaines absurdités, des tours que je m’étais jouée. Par exemple, j’ai cru qu’être un enfant adopté était la même chose qu’être un enfant biologique, j’ai longtemps pensé que j’étais blanche. Ou que je n’avais que 2 parents.
Si, en soi, cela ne parait pas si grave. Mais dans la construction de mon identité, cela a été très compliqué. Et bien évidemment, je n’en avais pas conscience !
Alors quand j’ai découvert ce concept très intéressant, j’ai vu les phases de la vie par lesquelles j’étais passée.
Ce concept c’est celui-ci :
La courbe du changement
As-tu déjà entendu parler de cette courbe du changement ?
Cette courbe, principalement reconnue lorsque l’on fait face à un deuil, s’applique finalement à de nombreux évènements de notre vie. Qu’il s’agisse d’un changement voulu ou non, on passe par 6 ou 7 étapes, des émotions que voici :
- Le choc, suivi du :
- Déni. Puis vient :
- La colère,
- La tristesse,
- L’acceptation,
- La reconstruction
Il s’agit d’une courbe, dans laquelle lors de la colère et la tristesse, on est au creux de la vague.
Puis on remonte la pente lorsque vient l’acceptation.
Grâce à cette courbe, j’ai compris pourquoi, pendant de longues années, je suis restée bloquée dans des énergies négatives.
Où en es-tu ?
De mon côté, mon adoption cumulée au deuil de mon père à l’âge de 18 ans ont mêlé déni, tristesse et colère pendant 2 décennies.
À l’époque, personne n’avait expliqué à mes parents, ni à ma mère, une fois mon père décédé, que l’on passerait par ces phases.
J’ai commencé par être dans le déni de mon adoption, dès l’âge de 13 mois. Pas aidée par mes parents qui tentaient tant bien que mal de me faire sentir comme normale, et surtout, qui ne souhaitaient pas me dire mon adoption malgré les recommandations de l’école, j’ai imaginé qu’il n’y avait aucune différence entre être adoptée et être un enfant biologique.
Puis à 18 ans, j’ai été dans le déni de la perte de mon père, suite à son décès.
Ont suivi une colère, mêlée à de la tristesse, jusqu’à l’âge de mes 35 ans. Bien entendu, je ne savais pas du tout pourquoi !
Surtout que les émotions, dans ma famille, on a tendance à les mettre de côté. (Mais ça, c’est une autre histoire.)
Au fil de ces années, sont nées des incompréhensions, autant de mon côté que celui de mon entourage.
Du déni à l’acceptation
Être dans le déni signifie que je pensais être comme un enfant biologique. J’ai même cru que j’étais blanche et je pensais que mes 2 seuls parents étaient mon père et ma mère adoptifs.
Sortir du déni, accepter que j’avais 2 mères, que je n’étais pas blanche car j’avais du sang bolivien dans les veines a été violent, malgré mon âge adulte.
Mais cela a également été libérateur. Je suis passée par des phases très hautes et très basses mais j’ai pu me réconcilier avec mes origines. Mieux, je suis sortie de la colère qui me rongeait alors que je n’en avais pas conscience !
À présent, je n’ai plus honte de qui je suis, d’où je suis née. Je ne m’énerve plus quand on me demande d’où je suis native car « je n’ai pas le faciès d’une bretonne ».
J’ai atteint le haut de la courbe, celui on l’on s’est reconstruit, on l’a a pardonné et où l’on est serein.
Avoir connaissance de cette courbe est un chamboulement dans une vie.
On s’autorise à être triste et en colère, suite à un décès ou un changement non désiré.
Et l’on sait aussi, que pour être de nouveau heureuse, avec le sourire, nous devons accepter la situation.
Et toi, tu en es où dans ton adoption ?
À bientôt,
Sandra
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