Pourquoi la normalité adoptive n’est pas dans le système d’adoption français ? 3/3
[Enregistrement du podcast à venir] Dans ce dernier épisode de la mini-série sur la normalité adoptive, découvre le parcours d’adoption du point de vue des acteurs de l’adoption.
Mini-série sur la normalité adoptive – 1/3
Les acteurs concernés sont :
- Nathalie Parent, Présidente d’Enfance et Familles d’Adoption (EFA),
- Carine Bouchard Fourmont, Assistante de Service Social (ASE Département de la Mayenne),
- Liliana Mingita, Psychologue clinicienne à l’AFA,
- et Marion Poisse, Coordinatrice du Pôle Information et Conseil, Psychologue en formation de AFA.
Un point important que j’ai soulevé tout au long de l’émission est que ces acteurs parlent des difficultés du processus d’adoption qui n’est plus adapté à la réalité actuelle.
L’autre point est l’inégalité qui existe entre les départements, qu’il s’agisse des moyens financiers et humaines mais également sur les thématiques abordés par les accompagnants tout au long du processus d’adoption.
1. Un agrément qui date du début des années 2000…
L’agrément date des années 2000s, soit à une période pendant laquelle l’adoption internationale était à son plus haut niveau. En effet, en 2005, le nombre d’adoption était d’environ 5 000 adoptions annuelles à son pic contre 252 en 2022. Aujourd’hui, il y a très peu d’adoptions internationales,
À cette époque également, les adoptions de bébés en bonne santé étaient également possibles. Aujourd’hui, les adoptions concernent les enfants déjà grands, qui marchent, qui parlent, surtout s’ils sont nés en France.
Si les bébés, les petits peuvent être adoptés, cela signifie généralement qu’ils ne sont pas en bonne santé.
Les temps ont changé donc, mais l’agrément lui, n’a pas évolué et l’accompagnement n’a pas été adapté pour prendre ses spécificités importantes.
2. Un parcours d’adoption long, difficile… et non adapté
Il est de notoriété publique, qu’en France, le parcours de l’adoption est long et complexe. Par manque de moyens financiers et/ou humains.
Mais en plus de cela, tous les accompagnements et les formations, qu’ils soient dédiés aux professionnels ou aux particuliers, n’intègrent pas les concepts abordés par Johanne Lemieux, confrères et consoeurs.
Par exemple, l’attachement, la normalité adoptive, le post-traumatisme ne sont pas abordés que ce soit dans les évaluations, des formations et des accompagnements.
Or avoir connaissance et comprendre ces notions est essentiel si l’on souhaite créer un environnement sécurité, avec des facteurs de haute protection pour l’enfant.
Johanne Lemieux précise que, dans ce parcours, il faudrait voir de façon systémique les facteurs de risques, c’est à dire, les :
« Systématiser ».
3. Des inégalités au sein des départements
Le processus d’adoption est suivi par les départements de manière indépendante, en termes de procédés, de prises de décisions et de formations.
Par exemple, en Île-de-France, 1 000 personnes se renseignent chaque année sur l’adoption. Sur ces personnes, 30% des demandes sont faites par des célibataires. Or le conseil de famille de ce département n’accepte pas les dossiers de personnes célibataires. Il les renvoient donc vers des départements qui acceptent ces types de dossiers.
Cela rend difficile et incohérent le chemin à suivre pour le candidat à l’adoption. Avec, précise Nathalie Parent, Présidente EFA, une répercussion également sur les EFA, association qui interagit avec les différents acteurs dont les personnes qui sont intéressées par l’adoption.
En termes de formation, tous les départements ne mettent pas non plus l’accent sur toutes les thématiques.
Il y a donc une inégalité au niveau des connaissances acquises !
Par ailleurs, sur les 1 000 personnes accueillies en île de France, Nathalie Parent qu’il faudrait plus de moyens, car si elle pouvait en accueillir 2 000, elle le ferait. Mais ce n’est pas possible actuellement.
Le nombre d’heures de rencontre et de réunions varie énormément.
Le minimum de réunion à suivre est de 2, au niveau national. Mais des départements qui peuvent en proposer 4 le font et les participants sont toujours présents.
Plus il y a de réunions, plus les personnes souhaitent en savoir plus, acquérir plus de connaissances.
4. Ajouter des rencontres multiples et diverses
Johanne Lemieux confirme que rencontrer des candidats et des professionnels restent indispensables pendant le processus avant l’adoption.
J’ajoute un point car elle ne mentionne une rencontre essentielle : celle avec les adoptés.
En effet, les enfants adoptés nés dans les années 70, 80, 90 sont devenus adultes. Ils, Nous pouvons nous exprimer, témoigner de nos histoires.
Je trouve qu’il sera indispensable que des rencontres avec des personnes adoptées, indépendantes de toutes associations, puissent être faites dans ce parcours à l’adoption.
5. Quelles pratiques, quel modèle d’un autre pays pourrait-on mettre en place en France ?
À la question, de quel pays la France pourrait-elle s’inspirer pour adopter, optimiser son système d’adoption, Johanne Lemieux mentionne la Belgique comme exemple.
En effet, en Belgique, les formations sont obligatoires dans ce processus depuis 12 ans (à l’époque de l’interview, en 2019), à la fois pour les adoptions dans le national et l’international.
Il y a également un nombre d’heures de rencontres obligatoires.
En Belgique, la sensibilisation se fait AVANT les entretiens et elle n’est pas faite par les mêmes personnes.
En France, ce nombre d’heures n’est pas suffisant et une fois que les personnes ont commencé, elles veulent en savoir plus !
Johanne Lemieux précise également que le Luxembourg est très avancé sur les congés d’accueil d’adoption.
L’importance des réunions d’information pour faire ses choix
En France, suivant le rapport de l’ONEP sur les pupilles de l’état, environ 30% à 40% des personnes ne confirment pas suite à des réunions. On peut en déduire qu’ils ont été très bien informés pour ne pas faire de l’adoption leur projet.
Pour lire le rapport de l’ONPE qui sort 1 an et demi a peu près par rapport à l’année de référence, cliquez ici.
Quelques évolutions tout de même (27:20)
En Mars 2016, une procédure a permis « d’accélérer » la procédure d’adoption pour les nés sous X, notamment en prenant en compte :
- l’absence de contact de qualité pour l’enfant
- la situation e détresse des parents de naissance
Une obligation légale de solliciter la justice pour étudier la situation pour protéger l’enfant.
Il est nécessaire de rappeler que l’adoption est avant tout une forme de protection de l’enfance.
Les différents acteurs interviewés sont d’accord pour dire que les adoptants ont tendance à oublier cette protection. Un enfant a ainsi des possibilités de reprendre son développement dans des conditions de vie normales.
En février 2022, l’adoption a également été élargie.
J’espère que ces informations t’ont éclairé sur un parcours d’adoption complexe et en décalage par rapport à la réalité actuelle. Et qu’elles t’ont fait prendre conscience de pourquoi, en tant qu’adopté, nous pouvons avoir l’impression de ne pas avoir été compris, entendu pendant des années.
Les mentalités changent, petit à petit, et le système lui, est toujours en retard.
Ressources sur la normalité adoptive
🔗 En savoir plus sur la normalité adoptive, il y a la bible de référence écrite par Johanne Lemieux :
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