Le Journal d Une Adoptée

Comment reconnaître ses émotions quand on est insensible ?

Publié par Sandra le

Se couper de ses émotions, mettre en place un bouclier pour ne plus souffrir

Toi et tes émotions

T’es dit déjà dit qu’il valait mieux ne rien ressentir, plutôt que d’avoir peur ou de souffrir ?

C’est peut être cela que tu fais actuellement.

Peur, angoisse, stress, rejet. Des sensations désagréables, que tu préfères ignorer.

Et ça marche plutôt pas mal.

C’est sûr, ça fait moins mal.

Que signifie Se couper de ses émotions ?

Mettre ses ressentis de côté, faire comme si telle ou telle situation ne nous touchait pas, ne nous impactait pas, c’est cela « se couper de ses émotions ».

Si cela parait avoir des avantages, ce que l’on ignore, c’est que, sur le long terme, se couper de ses émotions peut avoir des conséquences sur notre santé mentale et notre santé physique.

En effet, il y a un revers à la médaille.

Être coupé de ses émotions, c’est « faire comme si ». Comme si on n’était pas triste, comme si plus rien ne pouvait nous atteindre.

Et je suis bien placée pour en parler, car pendant 20 ans, j’ai cru qu’en devenant insensible et en mettant de côté tout ce que je pourrai ressentir, alors je ne souffrirai pas, je réalise que c’est l’effet inverse qui s’est produit !

Se couper de ses émotions signifie que l’on ne ressent plus rien, plus aucune émotion, comme la peur, la tristesse.

Mais ce à quoi je n’avais pas pensé, c’est qu’en me coupant de mes émotions, je me coupais de TOUTES les émotions. Joie, gaité, énergie, légèreté, je me suis également coupée de ses ressentis, sans m’en apercevoir !

J’avais mis des barrières autour de moi. Avec le temps, ces barrières sont devenues des murailles. Et qui dit muraille dit « prison ».

Être insensible pour ne plus jamais souffrir

  • Ne plus s’attacher aux personnes, aux animaux de peur de les perdre
  • Ne pas être touchée par le décès de personnes qui nous sont proches
  • Ne pas ressentir la tristesse
  • Ne plus avoir l’impression de se sentir abandonnée, délaissée, mal-aimée
  • Ne plus réagir aux moqueries
  • S’interdire de pleurer, de ressentir quoique ce soit

Les raisons sont nombreuses pour décider de « se couper de ses émotions », déclencher cette réaction. On décide de ne plus s’attacher à rien que ce soit :

  • de façon consciente, pour ne plus être impacté au fond de soi,
  • de façon inconsciente. On ne le décide pas vraiment, mais au fil des ans, on se blinde de plus en plus.

Ce que l’on oublie c’est, qu’évidemment, en tant qu’être humain, nous sommes faits pour ressentir les choses !

Alors les sentiments, les émotions s’enfouissent au plus profond de nous. Car même si l’on souhaite s’en couper, elles existent tout de même, elles sont là, elles existent dans notre être intérieur.

En s’interdisant de les ressentir, a priori pour notre bien, toutes ces émotions sont refoulées. Ce dont on a moins conscience, c’est qu’ainsi, elles génèrent beaucoup de stress, de tensions et de frustrations, au plus profond de nos tripes.

De plus, en se coupant de ses émotions négatives, comme la peur, la tristesse, la colère, on se coupe également de ses émotions positives, comme la joie !

Finalement se couper de ses émotions c’est se créer un bouclier de protection. On pense que c’est pour notre bien. Mais pousser aux extrêmes, c’est l’inverse qui se produit !

Un bouclier de protection

Il vous faudra peut être un long cheminement pour admettre que vous êtes devenu insensible pour ne pas souffrir. Vous pensez vous protéger de tout ce qui pourrait vous arriver de mal. Mais ce bouclier est parfois tellement puissant que vous vous protéger, voir interdire de ce qui peut vous arriver de bien.

À force de se blinder contre toute émotion négative, on se coupe également de la joie et de l’amour. On devient des machines de guerre, alors que l’on souhaitait la paix !

Sandra Mahé

Et puis, il ne faut pas croire mais les émotions sont quand même là. Même si on fait tout pour ne rien ressentir, elles restent enfouies au fond de nous. Ainsi, la colère, la tristesse, la frustration, la honte, tout s’accumule pendant des mois, des années. Et ça, on ne nous le dit pas, mais quand ça explose, c’est tout qui explose en même temps ! Car on ne peut pas rester une vie comme ça, toute entière, en pensant que tout ira bien.

D’ailleurs, je suis aussi persuadée que certaines maladies sont dûes à cela. Par exemple, mon père, qui est décédé d’un cancer et est parti en quelques mois, avait accumulé pendant toute une vie, de la colère, notamment par rapport à son propre père. C’était aussi une personne très discrète, qui en disait peu sur ces états d’âmes. C’est pourquoi, je me dis que s’il s’était autorisé à parler, à dire ce qui n’allait pas quand ça n’allait pas, il n’en sera pas arrivé à un stade aussi avancé. Il gardait tellement tout pour lui, au fond de lui, que son corps avait ses limites, et a fini par craquer.

Un corps qui a ses limites

Reconnaître que les émotions existent même si on pense y échapper, qu’elles font parties de notre existence, qu’elles sont là aussi pour nous accompagner, nous signaler quand certaines choses sont bonnes ou mauvaises pour nous, fut le départ d’une nouvelle vie, plus positive.

Quand j’ai commencé à accueillir mes émotions, plutôt que de les refouler, je suis sortie au fur et à mesure de mon introversion. J’ai retrouvé le sourire que j’avais toujours aux lèvres quand j’étais jeune !

J’ai, par la même occasion, commencé à écouter mon corps. Ce corps que j’avais ignoré, considéré comme s’il ne me servait pas à grand chose. Ce corps qui contenait entre autres toutes ses émotions négatives !

Aujourd’hui j’accepte d’être triste, de pleurer, de m’énerver mais aussi, et surtout, d’être heureuse, de profiter de l’instant présent et des bons moments ! Et cette nouvelle perspective est en train de changer ma vie ☀️

🌐 Découvre ici la série « Spéciale Gérer ses Émotions » du podcast Le Journal d’une Adoptée où j’interview Séverine Feiss sur la façon dont on peut se reconnecter à ses émotions sans souffrir.

Catégories : Podcast

4 commentaires

Pierre Christophe · 2 novembre 2020 à 10h30

Bonjour,
Bravo pour ton témoignage, c’est vrai que le premier outil de travail est la communication 😉
Cordialement
Pierre-Christophe

Laura NICOLAS · 2 novembre 2020 à 17h21

Merci pour ton partage sur ton histoire courageuse! Je rencontre un peu le même problème d’être coupée de mes émotions, non pas que j’ai été adoptée mais parce que j’ai été mise en pension de mes 4 ans à mes 17 ans et je pense que j’ai un peu tout bloqué vers 4 ans. Les meilleurs moyens que j’ai trouvés pour me reconnecter à mes émotions actuellement sont : la méditation, la sylvothérapie, la proximité de la nature, et le fait de m’occuper d’animaux!

    Sandra · 2 novembre 2020 à 18h20

    Merci pour ton retour. C’est vrai qu’avoir été en pension n’a pas dû être simple, aussi jeune, j’imagine que tu peux également ressentir cette fameuse blessure de l’abandon. Je ne connais pas la sylvothérapie, je vais me renseigner à ce sujet car ça m’intrigue !

eric · 3 novembre 2020 à 15h47

Témoignage très touchant. Refuser ses émotions est en fin de compte une émotion, et j’aborde souvent se sujet dans mes articles. Traiter ses émotions est une étape essentielle pour pouvoir ressentir un ancrage spirituel avec notre vie et tu l’as parfaitement mis en avant dans ton article. Au plaisir de lire tes prochains articles.

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